MONSTER BRUNCH
S’il y a bien une preuve sur Terre que Dieu existe -et que c’est une petite gourmande- c’est le brunch ! Le brunch est à l’art culinaire ce qu’un spectacle de Bigard est à l’humour : un moment gras, sans règle et sans limite dont on ressort un peu honteux en se jurant que “non, plus jamais ça…”.
En fait, y’a deux types de brunch :
- Celui qu’on fait avec sa petite copine, ou ses amies fans de diététique au point d’avoir des posters de Dukan dans leur chambre. En général on mange des fruits, du fromage blanc, du pain bio aux 24 céréales, tout en buvant un thé matcha commerce équitable (avec la tronche d’un mec en poncho dessus) et se racontant le dernier épisode de Beverly Hills 90210 Nouvelle Génération.
- Et il y a le deuxième type de brunch. Celui qui fait mal. Celui qui fait trembler les nutritionnistes. Celui qui te fait rétrécir tes artères au fur et à mesure que tes assiettes se remplissent. Celui que tu termines en sueur en détachant ta ceinture en signe de soumission au Dieu Buffet à volonté.
Parce que soyons honnêtes, quand tu penses brunch, tu penses bouffe à volonté, tu penses à Gérard “J’veux du rab” Depardieu, Pierre “j’aime saucer” Ménes et Loulou “le trou noir” Nicollin autour d’une table. C’est un repas pantagruélique avec des aller-retours incessants au buffet (pas de vanne sur Marie-George). Mais curieusement, devant toute cette nourriture, tu perds les pédales… tu oublies que tu peux te la jouer light, que tu peux revenir quand tu veux te resservir. Du coup tu te fais des assiettes de déglingos où tout s’empile et se mélange ! Une tour de Pise de bouffes, une orgie de nourriture ! Une partouze interaciale car, selon ma longue expérience de ce repas gargantuesque, le brunch doit être obligatoirement composé de mets des 4 coins du monde. Non mais c’est vrai, merde, c’est dimanche après tout ! Je me suis pas levé, lavé, habillé et j’ai pas raté Téléfoot et la 200e interview de Ribery maltraitant la langue de Molière pour manger des croissants et un pain aux raisins comme dans n’importe quelle boulangerie. NON NON (génération non-non), je veux de l’inédit, de l’originalité, de la nouveauté !!! Quelle joie de revenir avec une assiette où se côtoient un fromage corse, un nem chinois, un taboulé libanais, un hamburger américain, une paella espagnole, des accras antillais : c’est Benetton dans ton assiette ! Un non-sens culinaire qui mène lieu à une incohérence digestive. Le soir même tu chies en spray et tu tagues ton Jacob Delafon façon Basquiat en mode Technicolor, mais t’es heureux comme un bébé qui a tartiné sa couche !
Avec toute la nourriture que t’ingurgites, tu te transformes vite en chauffeur routier de l’émission “Le Convoi de l'extrême”. Tu te retrouves en marcel, dégoulinant de sueur, tu contrôles plus grand chose, t’essayes de te frayer un chemin en zigzaguant entre les affamés qui se précipitent la bave aux lèvres vers la pile de pancakes !
En parlant des pancakes, certains établissements, pour gagner du temps et de l’argent, te proposent de les faire toi-même. Genre, ils te fournissent la pâte et tu dois te démerder pour faire cuire sur la plaque prévue à cet effet… Mais si comme moi, tu es black-listé dans toutes les écoles de cuisines de France, si comme moi tu as déjà raté du thé, si comme moi tu dois chercher un tutoriel Youtube pour te faire des pâtes… bref si comme moi t’es une quiche en cuisine (jeu de mots fournis par Jean-Pierre Coffe) et qu’en plus derrière toi tu as un horde de toxicos accros au sucre qui te met la pression jusqu’à ce que tu reposes la louche, c’est le drame ! Là tu passes en mode Top Chef et tu transpires dans tes crêpes - ça donne du goût - tu t’énerves devant le résultat médiocre obtenu et tu vas te rasseoir à ta table où tous tes amis se foutent de ta gueule, et tu finis par poignarder Cyril Lignac… oui je sais, c’est ça sert à rien mais ça soulage ! Alors fais comme moi, tu repères un ou une pote qui s’en sort pas trop mal devant la plaque et tu menaces sa famille pour qu’elle te fasse aussi des pancakes !
Certains brunchs ouvrent dès 10h. C’est tôt pour un week-end ! A cette heure là t’es en mode Walking Dead ! Tu pousses des grognements, t’as une gueule de déterré, tu traînes les pieds et tu ne penses qu’à bouffer ! Et puis le matin, c’est tôt pour certaines choses proposées… Non je ne parle pas de le confit de canard à la graisse d’oie -y’a pas d’heure pour ça- mais plutôt de l’alcool. Si tu penses que 10h c’est pas trop tôt pour enquiller les verres de vins, cliques sur ce lien : http://www.aafrance.fr/.
Parfois les resto qui proposent des brunchs pètent des plombs, pas au niveau du menu mais plus au niveau des services proposés… Comme l’offre Sprunch : la fusion du SPA et du brunch ! Tu bouffes comme un porc avant d’aller te faire masser la couenne ! Ou alors la formule Brunch + cours de salsa… tu manges et après tu fais une crise cardiaque dans les bras de Consuela, ta partenaire. Alors dans le même délire on peut créer tout ce qu’on veut :
- La capoeirunch : d’abord tu ingères des plats brésiliens, puis tu les vomis sur ton pantalon blanc en faisant des acrobaties stupides.
- Le Pétrunch : bouffe + pétanque. Un carreau autour d’une nappe à carreaux.
- Le Brhammam : Un brunch nu sur un banc en bois, uniquement composé de vapeurs.
- La brunchite : un buffet avec une inflammation des poumons.
- Le Blunch : Le brunch au Flunch. Avec garnitures à volonté… Le brunch des pauvres, en somme. Disponible aussi à la Casino Caféteria. Tu vois ? Ça ne coûte pas plus cher de bien bruncher !
- Le Speed-Brunching : T’as une minute pour faire connaissance avec un maximum de plats et espérer repartir avec le 06 de la “Salade de pâtes” ou de la “Terrine de saumon”
Le dimanche midi si tu mates ce qu’il se passe sur Instagram (le réseau social de la pouffe et de la bouffe) y’a moyen que tu fasses grimper ton cholestérol ! Car le brunch c’est un truc de week-end. Difficile de trouver 3 heures pour s’empiffrer en pleine semaine…
- “Patron ! Je prends ma pause déjeuner ok ? Je reviens vers 16h, on va bruncher avec les mecs de la compta ! Je vous ramène une mini-quiche ?”
Et comme le dit si bien Michel… Vivement dimanche prochain !
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Oh Cherie it’s soo unlucky
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