Sigmaringen
C’est à Sigmaringen, dans le château ancestral des Hohenzollern, qu’Hitler décide de regrouper, en septembre 1944, le gouvernement de Vichy déchu. Le maréchal Pétain a l’étage du Prince, Laval l’étage inférieur, et d’un côté sont regroupés les ministres « actifs », ceux qui feignent de diriger un pays qu’ils ont fui et qui les conspue, tandis que de l’autre se retrouvent les ministres « passifs » qui s’instruisent dans la bibliothèque. La Gestapo les surveille.
Tous ces hommes, leurs femmes et leurs suites se haïssent, et c’est le majordome général de la famille princière, Julius Stein qui témoigne de la vie de ce petit monde en vase clos. Dans la ville, le « commun » des exilés a envahi les lieux. Louis-Ferdinand Céline, médecin de son état, est de la farce : il racontera d’ailleurs son séjour dans D’un château l’autre, paru en 1957 chez Gallimard.
Faits comme des rats, les uns n’arrêtent pas de chercher, tandis que les autres n’arrêtent pas de trouver, pour reprendre une formule dont Pierre Assouline a le secret dans son roman. La fin, on le devine, sera vaine pour beaucoup.
Pierre Assouline
Gallimard 21€
Critique parue dans Blake n°63, mars 2014