Nouilles froides à Pyongyang
On n’est pas certain, à la fin de la lecture du livre, d’être allé en Corée du Nord. L’air musical qui vient dans la tête ne semble pas asiatique, et on y mettrait plutôt des paroles du genre de : « Avec le vent du nord qui vient s’écarteler, avec le vent du nord, écoutez-le craquer, le plat pays qui est le mien. ». Si les Coréens sont fiers de leur mont Paetku dont l’altitude culmine à 2750 mètres, c’est plutôt l’impression de plat(itude) que l’on retient de ce voyage effectué en cachette, d’un journaliste qui dissimule sa profession et qui de fait risque l’arrestation – c’est bien là, le seul suspens du texte qui nous tient en haleine – mais c’est bien normal, car même à un professionnel du tourisme, rien n’est révélé du pays à un étranger : que dire alors du Juché ? Du coup, c’est un autre plat qui surgit à 40 pages de la fin, ces fameuses nouilles froides mangées à Pyongyang, qui laissent le narrateur sur sa faim. C’est d’ailleurs ce que l’on partage avec lui.
Jean-Luc Coatalem
Grasset 17,60 €
Critique parue dans Blake n°57, mars 2013