EXTRAITS DE : La Voie De L’ultime Espoir Tome I : Étrange Découverte
Chap. IX
Étrange Découverte.
Après le départ de ma mère, chaque jour de ma vie, jeme motivais et j’avançais à tâtons, comme on effleure du bout de ses pieds, la
traversée d’un terrain miné, afin d’éviter toute nouvelle rencontre insolite.
Avec mes énigmes non élucidées de situations incohérentes et démesurées,
j’essayais assidûment d’oublier tous les moments désagréables et déstabilisants
de mon existence, en continuant à vivre et à résister, en trois mots, à me
battre. Le bilan psychiatrique de l’éminent docteur GRONDIN ne démontra aucune
anomalie mentale. Évidemment, je m’étais abstenue de lui parler de mes visions
et de mon vécu, d’un ordre irrationnel du côté des cartésiens, mais
extraordinaire, dans le camp des mystiques et des occultistes. Son diagnostic
aurait été de l’ordre d’une schizophrénie paranoïde très prononcée, voire
dangereuse pour l’ordre public et pour moi. Je risquais, sans aucun doute, un
internement psychiatrique à long terme. Sachant que de grands spécialistes du
monde entier avaient rédigé des œuvres et des essais, sur ces différents
thèmes, je souhaitais vivement lever le voile sur ces mystères, indépendamment
de toutes influences directes d’un tiers qui, d’autant plus, ne partagerait
peut-être pas l’avis de ses confrères. Malheureusement, mes priorités
d’étudiante et mon budget mirent fin à mon désir. Au sommet de mes dix-sept
ans, je m’épanouissais librement, chaque jour, au seuil du monde des adultes.
Mes transformations pubertaires se stabilisèrent. Je mesurais 1m72 pour 52 kg,
avec des mensurations de mannequins. Je conservais ma coupe de cheveux d’adolescente,
laquelle mettait en évidence les tons dégradés de mes mèches. Cette panoplie de
couleurs allait du châtain foncé, au châtain clair et était assortie à l’iris
de mes pupilles noisette claire, ainsi qu’à mes taches de rousseur. Tous ces
attraits constituaient, irrémédiablement, des atouts de mon succès relationnel
et affectif.
Pour mettre un peu plus de beurre dans mes épinards,
en novembre de ma première année de faculté de droit, je travaillais
occasionnellement le samedi soir « Chez Antoine », un fast-food bio
du centre-ville, pour le service du midi. Ce restaurant était l’un des plus
côtés de la ville, pour ses repas et son ambiance à la fois intime et
familiale. Les tenues féminines se composaient d’un petit tailleur vert canard
à col orangé, d’une toque de la même teinte et semblable à celle d’une hôtesse
de l’air, sur laquelle était tissée, en fil de soie verte, l’enseigne du
propriétaire, d’une paire d’escarpins dotés de talons de 6 cm et de deux
tabliers distincts, pour passer de la salle à la cuisine, dans nos roulements
de service. Ceux des hommes se différenciaient surtout au niveau du pantalon et
des chaussures. Mon salaire était convenable, principalement les soirs de fête
où les pourboires s’avéraient généreux. Mais parfois, pour que mes dépenses
extra universitaires correspondissent à mon budget, j’œuvrais dans le service à
la personne, occasionnellement, auprès des enfants de tout âge, grâce à quelques
matériels de puériculture, avec lesquels mes parents m’accueillirent à ma
naissance. J’avais un nombre restreint de collègues, avec qui je sortais
certains soirs, dans des endroits chics et à la mode. Pendant un an, je vivais
pleinement ma jeunesse et j’étais très épanouie, à tel point que j’oubliais les
hostilités que j’avais dû affronter ces dernières années. Je réussis, avec une
mention satisfaisante, ma première année de faculté et j’amorçai la deuxième,
avec autant de succès, après un splendide séjour à Madagascar, en fin d’année
universitaire.
Au mois d’avril 2234, en quittant le restaurant un
samedi en fin d’après-midi, je me dirigeai à pied vers le centre-ville, au
niveau de la rue du Maréchal Leclerc, pour rejoindre mes collègues, dans un
café littéraire qui, le soir, se transformait en soirée karaoké. L’hiver
s’achevait à peine qu’il fît déjà une chaleur torride. Je marchai sans
précipitation, lorsque, au croisement de la rue de Juliette Dodue, j’entendis
…………………………………, parmi les vacarmes infernaux de la ville. Ce……… m’interpellait et me touchait au plus profond de mon être. Il me semblait qu’il
était tout proche, mais en scrutant dans mon environnement et vers tous mes
horizons, je n’aperçus aucun ……….. susceptible de ……….. incessamment,
avec ce son de ………. Une famille de touristes se rapprochait. Intriguée,
je les questionnais à ce sujet :
-
« Excusez-moi
de vous déranger…
-
Was haben Sie
gesagt ? Demanda le père de famille. Ich verstehe nicht das Franszösische.
(Qu’est-ce que vous avez dit ? Je ne comprends pas le français.
-
Ok, Ihr seid deutsch. Entschuldigen es Ihnen Herrn zu
stören, aber hö-ren Sie dieses …….., das ……….° ? (Ok, vous êtes allemand. Excusez-moi de vous déranger,
Monsieur, mais est-ce que vous entendez ……….. qui hurle ?)
-
Ein …………………..° ? Nicht, höre ich nichts°, répondit le père. Ingrid gibt es kein
……, das weint°. (………………………………………………. ? Non, je n’entends rien. Ingrid,
il n’y a pas de bébé qui pleure.)
-
Nein, soutint sa
femme. Und die Kinder Ihnen, hören Sie einige Sachen° ? (Non. Et vous les
enfants, entendez-vous quelques choses ?)
-
Nicht Mama, hören wir nichts und sehen nichts°. (Non, maman, nous n’entendons rien et ne voyons rien.)
-
Tief betrübt,
meine kleine Ramme, können wir nicht Ihnen helfen°, con-clut le père. (Désolés,
ma petite dame, nous ne pouvons pas vous aider.)
-
Keine sorge, das
ist nicht ernst und gut Aufenthalt auf der Insel°, auf Wiedersehen,
gratifiai-je, les yeux allumés de bienveillance. (Rassurez-vous, ce n’est pas
grave et bon séjour dans l’île, au plaisir de vous revoir.)
-
Danke, unendlich,
Fräulein, auf Wiedersehen und wir werden Ihnen ger-ne beim nächsten Mal zu
informieren°, salua la petite famille, le sourire aux lèvres. (Merci,
infiniment, au revoir et nous serons heureux de vous renseigner une prochaine
fois.) »
« Pas de
bol ! Pensai-je, en les regardant s’éloigner, avec le sourire. Qui se-ront
les prochains. » Soudain, j’aperçus un passant qui revenait de la poste,
si-tuée dans l’angle de la rue :
-
« Excusez-moi
de vous déranger, Monsieur, mais est-ce que vous per-cevez l’appel d’un …… qui ……. ?
-
Je distingue
particulièrement le ronflement des voitures, et qu’est-ce qu’il fait chaud !
Vous ne trouvez pas ! Dévia-t-il, d’un air enjoué. »
Par moments, le son oscillait à différents niveaux,
par conséquent, sa perception aurait pu être neutralisée ou amoindrie, si l’on
n’avait pas apprêté une écoute particulièrement attentive. Ce qui, à mon avis,
était totalement le cas de cet individu. Avec plus de conviction, j’insistai
pour qu’il accommode davantage son audition, à ces ……………….. de………….
-
« Vous en
êtes sûre ! Écoutez bien, là ! Maintenant ! Il hurle ! Il
hurle ! M’exaltai-je, en réceptionnant distinctement le …….. Ne me
dites pas que vous ne l’auditionnez pas. À moins d’être sourd, c’est impossible
de ne pas l’entendre ! »
Cet homme recula de deux pas et fronça les sourcils.
Sans m’en rendre compte, je l’avais offusqué.
-
« Mais non, Mademoiselle, je vous l’ai
dit, il n’y a que vos hurlements qui me heurtent les tympans, je ne vais pas
mentir pour vous faire plaisir ! S’emporta-t-il, d’un ton agressif. Et
puis, il n’y a aucun ……. à des kilomètres aux alentours, vous le voyez bien
non ! Vous avez un problème pour m’agresser de la sorte, vous devriez
consulter un médecin, vous avez sûrement été victime d’une insolation, à vous
exposer sous une canicule aussi foudroyante et c’est malsain de respirer l’air
pollué de la ville ! Rentrez chez vous ! C’est ce que vous pourriez
faire de mieux, pour la sécurité d’autrui et la vôtre. »
Il s’éloigna en remuant la tête d’indignation, comme
s’il venait de croiser une déséquilibrée. Cette réflexion que je fis un jour à
Shirley me revenait directement à l’oreille, une fois de plus. « Décidément,
la mise en garde de maman est toujours d’actualité, reconnus-je, le visage rembruni
de consternation. » La preuve qu’il ne fallait jamais critiquer les autres
injustement, avec des propos que l’on n’aurait nullement souhaité entendre, se
dressa incontestablement devant mon égo. Subitement, je remarquai les regards
tragiques et critiques des badauds qui s’étaient certainement arrêtés à la vue
de notre altercation et à l’écoute de notre conversation tonitruante. Je me
sentis un peu confuse et mal à l’aise. « J’ai rêvé ou halluciné ?
Songeai-je. Oh non, je ne suis pas en train de tomber, dans une sorte
d’hallucination phonique. Il s’agit sûrement d’un canular ! Je finirai
par connaître son auteur ! » Je repris mon chemin et brusquement, les ….. parvinrent une nouvelle fois à mon ouïe. Par contre, à présent, ils s’éloignaient
au fur et à mesure que j’avançais. « Ce n’est pas possible ! À moins
d’admettre que je souffre d’hallucination phonique et que je dois contacter à
nouveau ce prodigieux psychiatre du CHU du Moufia, je n’irais nulle part, tant
que je n’aurais pas trouvé des explications à ces pleurs insistantes,
pensai-je, avec conviction. » Je fis demi-tour et j’attendis là où le ….. du ……. semblait plus élevé. Au moment où les voitures et les passants de la
rue se dispersèrent, je questionnai à nouveau une dame qui sortait du magasin,
devant lequel je me tenais. Sa réponse se révélait négative. À la minute où ma
patience s’était amenuisée et mon irritabilité avait atteint son sommet, la
fatigue se fit ressentir et l’espoir de résoudre ce mystère s’éteignit, comme
un feu consumé de bois de tamarin, dans l’âtre d’une demeure ancestrale montagnarde
créole. Je finis par conclure que j’étais la seule à entendre ce …….. et qu’il
faudrait me résoudre à reconsidérer mon état psychique, si je n’aboutissais à
aucune preuve d’une plaisanterie d’un tiers. Je m’apprêtais à abandonner
définitivement ma recherche, lorsque juste à la fermeture des boutiques, mon
attention porta sur une boîte carrée d’environ huit centimètres d’arêtes. Elle
se trouvait par terre, contre le mur
du commerce, devant lequel j’étais postée, depuis des heures. Je me penchai
pour la ramasser et me relevai, d’un air intrigué. Prise d’excitation et de
peur, je soulevai l’opercule, avec délicatesse et prudence.
-
« OMD !
M’exclamai-je, les yeux ouverts à la fois d’émerveillement et de frayeur,
qu’est-ce que c’est que cette chose ? »
Une étrange luminescence verte irradiante s’était
simultanément extirpée de cette boîte. Paniquée par sa contenance, je la
refermai délicatement, le visage marqué d’effroi. M’assurant que personne ne
m’avait entendu et vu, je me tapis dans un coin de mur, pour admirer prudemment
ce que je venais de dégoter. Quand j’ouvris à nouveau le carton, la lumière
avait diminué en intensité. J’y aperçus une petite sphère qui affichait une
ouverture, d’où provenait l’intense clarté verdoyante. Poussée par ma
curiosité, je la sortis. Instantanément, la lumière disparut sous mes pupilles
dilatées de stupéfaction. Un tout petit …. rondouillet, cristallin et d’un
vert tendre d’une pelouse fraîchement tondue gigotait et hurlait, dans ce tout
petit lit d’infortune. J’étais à la fois profondément fascinée et apeurée.
Cette chose d’apparence ………, mais d’une transparence telle que l’on voyait
ses minuscules……………………………………..,
éveilla ma curiosité. Avec précaution, je remuai doucement la sphère de verre,
pour l’observer sous tous ses angles. Sa physiologie interne m’apparut semblable
………. Il m’était impossible de contrôler son appartenance sexuelle, sans
devoir le poser, dans une de mes paumes de mains et par crainte de lui blesser
ou de transpercer son anatomie dépourvue de ……., sa petitesse me freina.
Malgré ma grande culture générale, notamment en matière d’évolution du genre ……, je ne pus classer cette espèce, dans une catégorie d’……… « Et
s’il s’agissait d’une mutation inconnue de ………, conséquente au
bouleversement climatique et à la pollution ! Après tout, le monde cache
encore plein de mystères. » Un peu paniquée, je la remis dans sa boîte que
je refermai illico, pour la mettre à l’abri de la vigilance des derniers
passants qui finissaient leur journée de travail. À mon insu, un petit garçon
de type métissé, Africain/Hindou, en compagnie de son chien, nous observait,
minutieusement, les prunelles pétillant d’émerveillement, à quelques mètres de
ma droite. À ma gauche, à une distance plus éloignée, un homme épiait aussi et
discrètement mes gestes d’un air neutre, mais sans hostilité appa-rente et sans
m’en apercevoir aussi. Je pris mon GSM*, afin d’envoyer un SMS à Swann et lui
relater ma découverte. Or, le message ne lui parvint pas. Il sem-blait avoir
changé de mobile ou de carte Sim. Guidée par mon instinct, je réa-lisai qu’il
était temps de rentrer chez moi. Je rebroussai le chemin, à pas de géants, en
direction de ma voiture. Elle était garée sur une place de parking à côté de la
poste. Véhiculée par une programmation de conduite automatique, je gagnai mon appartement
situé, sans tenir compte des embouteillages, à vingt minutes de route du
centre-ville, l’attention fixée constamment sur cette chose.
À peine arrivée, je surpassai mes craintes et la sortis délicatement de
son logis, en glissant mon index sous son ventre et mon pouce sur son dos. La
luminosité verdoyante du départ semblait avoir définitivement disparu. À mon
grand étonnement, je sentis sous mes doigts, la souplesse et la résistance
d….., pourtant inexistante. « Bien, je ne l’ai pas transpercée,
c’est déjà une bonne chose, examinai-je, d’un ton solitaire. Voyons ce que
nous cache l’autre face, ajoutai-je, en la retournant avec précaution. »
De prime abord, elle semblait posséder des ……….s. La micro
dimension de cette partie de son anatomie souleva mes doutes et sollicita ma
patience d’obtenir une réponse précise, à une échéance ultérieure. Elle
pleurait à chaudes larmes. Ses éclats de voix étaient insoutenables, au point
d’en réveiller tout un quartier. Pourtant, personne ne s’en plaignait. Par un
foudroyant coup de foudre, une fusion s’opéra entre cette chose et moi. Et par
un simple échange de regards, elle cessa ses pleurs. Étonnamment, je ressentis
sur l’instant, sa volonté de communiquer et telle une petite pensée qui souffle
à sa propre conscience, cette chose me revendiqua de l’alimenter.
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