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C’est étrange.  Je ne sais pas ce qu’il m’arrive…

Voilà probablement la dernière fois que j’emprunte ce chemin. 

La toute dernière fois que le bus 96 me conduit de la Gare Montparnasse à Ménilmontant,  mes hommages mesdames et messieurs  les conducteurs. 

J’aime cette ligne. Elle est longue certes. Alors je me suis habituée à passer le temps en rêvassant ou en téléphonant. 

J’en ai raconté des histoires à ces sièges. 

L’arrêt de la ligne que je préfère parmi tous les autres est celui entre Hôtel de Ville et Saint-Paul, celui devant les escaliers et la petite église. 

Celui devant la place du marché oú on pouvait admirer il y a quelques hivers les sapins de Noël en bouteille recyclable. 

De cet endroit on a vu sur la place  du Bourg Tibourg de l’autre côté de la rue de Rivoli. 

Et sur cette place il y a le souvenir de quelques soirées  et j’y vois également les personnages d’une de mes nouvelles qui y prennent un café. 

J’ai mes habitudes. Elles me mènent en des lieux qui me renvoient à des amis d’hier ou d’aujourd’hui.

Paris est une histoire d’amour. 

Je te regarde et j’ai envie d’en savoir plus. Et ce soir je m’apprête à te quitter. Je te délaisse pour quelqu’un d’autre. C’est triste parce que je t’aime et c’est symbolique parce que je sauve ma peau. 

J’ai peur et j’ai hâte. Je ne pars pas bien loin. Je vais découvrir un nouveau quartier. C’est un nouveau départ. C’est effrayant parce que le temps qui passe ne s’arrête jamais, parce que j’ai pleuré et aimé dans mon quartier. 

C”est un nouveau départ et on espère toujours laisser les coquilles derrière soi. Je vais y laisser la petite fille en deuil et la femme qui a souffert. 

Je suis en paix. 

Alors je colle mon nez à la vitre et je contemple.

Il y a d’abord la partie de la ligne dont je me moque : celle qui relie montparnasse à Saint-Michel. 

Et puis on traverse la Seine. Welcome et bienvenue rive droite et conciergerie, enchantée Notre-Dame, salut Cité et Théâtre du Chatelêt. Voilà les quartiers qui m’enchantent. L’hôtel de ville est tout enguirlandé et il y a la Seine qui s’enfuit  à contre-courant. 

Église Saint Gervais dit la voix du bus, le voilà mon arrêt favori. Hélas, personne ne s’y arrête. C’est un adieu comme je les aime. En passant, en coup de vent. 

Mais déjà Saint-Paul, son manège et son kiosque et nous nous apprêtons à traverser le Marais. C’est ici que j’aimerai vivre au 35 rue de Turenne par exemple en face de l’arrêt place des Vosges. C’est un quartier ici qui est le mien parce que je l’ai longtemps traversé a pied de jour comme de nuit. 

Me voilà en bonne voie pour regagner Ménilmontant. Avec son kfc son mcdo, ses poulets rôtis et couscous a toute heure. 

Je ne me souviens pas de mes premiers pas ici. Je devais avoir la démarche hagarde et le cœur lourd. Je ne sais plus quelles étaient mes habitudes à l’époque ni comment j’ai rencontré mon quartier.

Je peux juste dire que j’y ai rencontre des chouettes commerçants que ce soit les nanas des restos chinois ou japonais ou bien les buralistes que j’imagine vieux garçons ou encore le sexy pharmacien qui m’appelle la danseuse.

Il y avait bien évidemment le kabyle du bar en bas. Il est parti, il a vendu il y a un mois. Parti sans me dire au revoir… Et puis il y a ce monsieur probablement algérien chez qui j’imprime et photocopie mes documents. Ce monsieur qui s’est empressé de regarder en détail le papier sorti de son imprimante, papier qui attestait logo en tête mon nouvel appartement. 

Ils étaient bienveillants. Qui va veiller sur moi à présent ?

 
  1. nokhoi said: Difficile d'oublier cette montée rue Ménil’ qui menait à mon appartement et tout ce monde qui sortait de tous les lieux possibles mais jamais de l'improbable église N-D-C. Nouveau quartier, souvenirs improvisés, cadeaux des rues.
  2. parlotedansleboudoir posted this
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