Install this theme
16. Manifestation du 25 avril, Geneviève y était.

25 avril. Manifestation étudiante. Montréal.

J’étais tellement heureuse d’être là. De voir autant de personnes mobilisées pour une même cause. J’étais émue. J’étais fière. Je me suis même dit à un certain moment…

« C’est le plus beau jour de ma vie, après la naissance de mes deux enfants… ».

Mon ami Joseph qui m’accompagnait, m’a dit que mes yeux « brillaient ». Et c’était vrai. À plusieurs reprises, mes yeux se sont humidifiés devant tant de beauté humaine. J’étais émue. J’étais fière. Fière de la jeunesse qui se mobilise en quelques heures pour dénoncer le silence violent du gouvernement à l’égard d’elle. J’étais émue. J’étais fière.

Fière d’être moi. Fière d’être là, avec eux.

Pendant que nous marchions pacifiquement, au milieu du trajet, des gens habillés en noir se sont rassemblés au beau milieu de la rue. Ils étaient environ une vingtaine. Plantée là, les bras croisés, bien groupé. Nous devions les contourner pour poursuivre notre marche.

« Oh. C’était douteux ça » que m’a dit Joseph, nouvellement initié aux manifestations étudiantes.

Malgré ces individus cagoulés, l’ambiance est demeurée festive. Quelques minutes plus tard, nous les avons revu. Cette fois-ci, ils courraient sur le trottoir. Selon toutes vraisemblances, leur objectif était d’atteindre la tête de la manifestation. À la vue de cette scène, la foule s’est alors mis à scander « On reste pacifique! On reste pacifique! ».

Je ne les ai jamais revu.

Ce qui était vraiment douteux notamment, c’est l’absence totale de policiers aux abords de la marche. AUCUN POLICIER ! Dans tous les évènements auxquels j’ai participé, il y avait TOUJOURS des policiers ici et là dispersés sur les trottoirs.

Hier soir, c’était le silence total.

Pourtant, ils étaient bien là. Dans l’ombre, ils nous ont encerclés. Dans cette souricière montée de mains de maître, sans crier gare, nous avons été chargés et gazés de tout bords tout côtés. Sans avertissement. À deux mètres de moi, ces « agents de la paix » ont lancé des bombes de gaz irritants à hauteur d’homme dans la foule. J’ai vu des gens les recevoir en plein visage. Des personnes innocentes qui se sont retrouvées au moment endroit, au mauvais moment.

Ca aurait pu être moi. Mais j’ai eu la « chance » d’être à deux pas.

La panique s’est emparée de la foule qui ne pouvait plus s’enfuir. Une foule innocente qui ne voyait plus rien. Une foule innocente qui se demandait pourquoi elle subissait cette violence d’une atrocité inouïe. Nous venions de nous faire déclarer la guerre, sans savoir pourquoi.

Pourquoi s’acharner sur toutes ses personnes innocentes, leur demander de se disperser et les prendre en souricière pour les charger, matraquer et gazer sans discrimination alors que c’était impossible de s’enfuir ?

Pourquoi forcer les gens à sortir de leurs abris de fortune et les pousser dans le chaos à grands coups d’intimidation pour mieux les agresser?

Pourquoi matraquer les personnes qui ont le malheur d’être tombées au sol dans un vent de panique ?

Pourquoi ne pas avoir maitrisé les « casseurs » qui étaient très bien identifiables plutôt que de créer volontairement une émeute de gens pacifiques ?

Et aujourd’hui, pourquoi Marc Parent, le Chef de la SPVM, se dit fier du travail effectué par ses policiers?

Poser la question c’est lui répondre.

Geneviève Tardy

Maman de deux enfants

Propriétaire d’entreprise en environnement et développement durable

Étudiante à la maitrise en environnement Université de Sherbrooke