“Les personnes les plus silencieuses ont les esprits les plus bruyants.”

“On ne meurt pas du temps qui passe, on meurt du temps usé, resté en nous. Ce coquillage de mauvaise mémoire, ce pansement inchangé des amours perdus. Nous mourons de ces temps morts, lourds comme vide et silence au coeur des déserts. Ce temps qui, peu à peu, a comblé nos plus belles cachettes ; le dessous de l'escalier, ton sourire sur mon épaule, le dessous des rêves, ta voix de gamine, l'été, aux bords des sources. Plus de cabane dans les arbres, plus de secrets bien gardés sous tes jupes pour échapper au grand massacre du temps. On ne meurt pas de sa frénésie obstinée à passer mais de tous nos abris comblés, un à un, par lui, et par le sable de sa mélancolie sans fin. Et la mer n'est plus à l'horizon, ni dessus, ni dessous, ni nue, ni à naître. Et le ciel, son miroir, ne sait pas, par avance, de quelle couleur sera notre prochain voyage.”

“Juste avant la nuit, il y a cette suspension. Un peu tout, comme sur la pointe des pieds. Et ce point d'or dans tes yeux. Et ce point d'eau dans le creux des nuages. Avant que tout se termine, il y a ce silence. À la fois bleu et or. À la fois l'instant et son ombre portée. Un crépitement sous la neige du temps, nos désirs cachés dedans.”

“Les sentiments les plus douloureux, les émotions les plus poignantes sont les plus absurdes - la soif des choses impossibles précisément parce qu'elles sont impossibles, la nostalgie de ce qui n'a jamais été, le désir de ce qui aurait pu être, la douleur de ce qui n'a jamais été, l'insatisfaction face à l'existence du monde. Tous ces demi-tons de la conscience de l'âme créent en nous un paysage funeste, un éternel couchant de ce que nous sommes. La sensation que nous avons de nous-mêmes devient une campagne déserte qui s'assombrit, qu'attristent des oiseaux au bord d'un fleuve sans aucun bateau, qui miroite sombrement entre des rives éloignées.”

“La poésie, c'est l'art de rendre au monde ce qu'il est incapable de nous donner.”

“Je ne cherche pas à comprendre le monde qui m'entoure. Qu'il me parvienne et que je le ressente avec mes mains, mes mots, mes yeux fermés, ma mémoire pleine et le bout de ma langue… me suffit !”