Dans le cadre d’ateliers ou de présentations de “l’Homme qui marche”, nous avons proposé aux enfants de dessiner leur main, symbole d‘amitié et de tolérance, et d’y écrire des paroles inspirées par le théâtre d’Image Aiguë.
Fanny nous fait part de sa “rencontre” avec “L’Homme qui marche” qui a eu lieu à RILLEUX LA PAPE :
“Salle des conseils, Rilleux la pape, ils marchent, ils marchent et, ce faisant, disent tellement de choses.
Scène 1 : Ils se gênent, se bousculent, se rapprochent à contre cœur, échangent … à contre cœur, s’échangent, s’offrent le cœur ouvert, sont pris et rejetés. Puis, la scène s’achève et le public s’ouvre, une jeune fille a clairement vu une scène du quotidien dans le métro où les gens ne se connaissent pas, s’observent, refusent la différence, les bruits des autres, les attitudes qui choquent. Une autre a aimé le porté entre Burhan et Armand ; brutal, inquiétant, l’un joue de ses retours comme un boomerang, des agacements de l’autre, l’autre reprend et rejette l’envahisseur « on dérange parfois les autres et on ne sais pas toujours pourquoi ».
Scène 2 : L’objet de toutes les attentions, un quignon de pain, circule de mains en mains, convoité, caché, grignoté, offert par miettes, en échange d’une démonstration de danse, de quelques notes de musique. Puis, le public discute sur le sujet, extrapole : la faim dans le monde, l’esclavage : « l’un donne des petits morceaux de pain en guise de salaire, c’est comme dans la vrai vie où on est parfois peu payés pour le travail qu’on fait ». Le pouvoir : « Burhan donne un peu de pain pour obtenir ce qu’il veut d’Armand, il a le pouvoir, puis, le musicien ne joue que quelques notes de musique à la mesure de ce que Burhan lui donne et il a le pouvoir à son tour ». « Le musicien a raison, il est juste ».
Scène 3 : Le pain de l’autre côté d’une corde, le bâton dans la main de l’un d’eux. Ils sautent, sont menacés, tentent de passer, rusent, outrepassent leurs droits, se moquent de l’autre, le soudoient et attirent son attention pour permettre aux complices de se faufiler et de manger. « Là, j’ai tout de suite pensé à mon cours d’histoire où on parlait des mexicains qui essaient de passer la frontière pour avoir un vie meilleur aux Etats unis. Il y en a qui discutent aux gardes pour que d’autres passent sans être vus » dit une collégienne. Une autre lance « en plus la frontière est posé là, c’est une personne qui décide comment et où elle doit être mise, ça aussi on le voit dans la vrai vie : des fois il y a des frontières qui partagent un peuple et après ça provoque des guerres » « oui et c’était pareil avec le mur de Berlin, quand ils ont coupé une ville et séparé des familles ».
Scène 4 : Deux chaises, et les personnages en profitent pour se piquer la place, s’asseoir tout prêt de l’autre, provoquer, tomber, se relever… et puis Armand et un enfant dansent, s’imitent, se portent et s’entremêlent. « Ça arrive souvent que des gens essaient de prendre la place d’autres, de s’imposer» « quand ils dansent à la fin, on a l’impression que l’enfant est un poids pour l’adulte, l’adulte le supporte parce qu’il n’a pas le choix » Que de maturité dans les réflexions de tous ces jeunes présents ce jour-là ! Les idées fusent et ils dévoilent sans pudeur leurs impressions avec un franc parlé incroyable pour viser juste. Ils sont pertinents et profitent avec beaucoup de liberté de la matière que leurs offrent les scènes épurées de « l’homme qui marche » pour parler de la vie, des gens, des problèmes de faim, de pouvoir, de frontières, d’éducation…Le jeu des acteurs est sans artifice et le public adhère et se prend au jeu.Christiane Véricel pose quelques questions pour relancer le débat de temps en temps mais il suffit de peu, ce jour là, pour que chacun se livre. «
L’homme qui marche » nous fait marcher et nous courons !”