Les Doctrinaires
A poem Nerval wrote a few months after the installation of Louis Philippe . The dedication to Hugo was both in correspondence and in the published version. (translation under the cut).
A couple shoelace-specifc notes: I’ve had a hard tgime hunting down exactly when Gerard switched to “de Nerval” instead of “Labrunie”; evidently he was using the name for his published work at least by late 1830. Also: am I wrong, or is he using tu with Hugo here?
Oh ! le vingt-huit juillet,
Quand les couleurs chéries,
Joyeuses voltigeaient sur les toits endormis,
Après que dans le Louvre et dans les Tuileries
On eut traqué les ennemis !
Le plus fort était fait : que cette nuit fut belle !
Près du retranchement par nos mains élevé,
Combien nous étions fiers de faire sentinelle
En foulant le sol dépavé !
Oh ! nuit d'indépendance, et de gloire, et de fête !
Rien au-dessus de nous ! pas un gouvernement
N'osait encor montrer la tête !
Comme on se sentait fort dans un pareil moment !…
Que de gloire ! que d'espérance !
On était d'une taille immense,
Et l'on respirait largement !
Ce n'est point la licence, hélas ! que je demande :
Mais si quelqu'un alors nous eût dit que bientôt
Cette liberté-là, qui naissait toute grande,
On la remettrait au maillot !
Que des ministres rétrogrades,
Habitant de palais encore mal lavés
Du pur sang de nos camarades,
Ne verraient dans les barricades
Qu'un dérangement de pavés !
Ils n'étaient donc point là, ces hommes qui, peut-être
Apôtres en secret d'un pouvoir détesté,
Ont en vain renié leur maître
Depuis que le coq a chanté !…
Ils n'ont point vu sous la mitraille
Marcher les rangs vengeurs d'un peuple désarmé…
Au feu de l'ardente bataille
Leur oeil ne s'est point allumé !
Quoi ! l'étranger, riant de tant de gloire vaine,
De tant d'espoir anéanti,
Quand nous lui parlerons de la grande semaine,
Dirait : “Vous en avez menti !”
Le tout à cause d'eux ! au point où nous en sommes,
Du despotisme encore…oh non
A bas ! à bas les petits hommes !
Nous avons vu Napoléon.
Petits ! - tu l'as bien dit, Victor, lorsque du Corse
Ta voix leur évoquait le spectre redouté,
Montrant qu'il n'est donné qu'aux hommes de sa force
De violer la liberté :
C'est le dernier ! on peut prédire
Que jamais nul pouvoir humain
Ne saura remuer ce globe de l'empire
Qu'il emprisonnait dans sa main !
Et quand tout sera fait, que la France indignée
Aura bien secoué les toiles d'araignée
Que des fous veulent tendre encor ; -
Ne nous le chante plus, Victor,
Lui, que nous aimons tant, hélas ! malgré ses crimes,
Qui sont, par une vaine et froide majesté,
D'avoir répudié deux épouses sublimes,
Joséphine et la liberté !
Mais chante-nous un hymne universel, immense,
Qui par France, Belgique et Castille commence…
Hymne national pour toute nation !
Que seule à celui-là la liberté t'inspire !…
Que chaque révolution
Tende une corde de ta lyre !
Gerard de Nerval,6 octobre 1830.