2015.

D'ici quelques jours on passera à 2016 et le moins que l'on puisse dire c'est que 2015 aura été une année particulière et probablement pas dans le sens noble du terme. J'ai pas envie de revenir sur les évènements que nous avons tous vécu. Personnellement en ces derniers jours de décembre je me refais le film de mon année. Et ce que j'en retir est que c'était une année importante dans mon boulot de suveillante. Probablement la plus belle année malgré les emmerdes. Début 2015, j'étais dans mon nouveau boulot depuis 4 mois, j'avais enfin trouvé ma place. Les mois sont passés, une de mes collègues est partie en congé mat', mon autre collègue s'est mis en arrêt et je me suis un peu retrouvée capitaine du navire « Vie Scolaire » sans le vouloir. Je l'avoue, je ne l'ai pas vu venir, du jour au lendemain j'ai été mise en avant au point que les profs m'appelaient « la vie scolaire » et que les élèves disaient du bureau qu'il était « mon » bureau. Je me suis un peu retrouvée seule aussi, certains matins, certaines après-midi .. C'est alors que j'ai tissé des liens avec une poigné d'élèves, « mes petits gars » , eux contrairement à mes collègues, chefs etc... étaient toujours la. Ils étaient mes rayons de soleil quotidien, mes petits bonheurs simple, juste parce qu'ils prennaient le temps de venir me dire bonjour, ou aurevoir, qu'ils étaient toujours souriant. Ils sont devenus tellement important que je me suis mise à écrire mes journées, pour ne rien oublier. J'oublierai pas toutes ces heures à discuter et rire avec Fake Shannon, ni le jour ou il a appelé au boulot, à demandé à me parler et a gueulé « devine qui a eu son permis ! », ni le jour ou lui et sa copine m'ont annoncé qu'ils allaient avoir un bébé et qu'ils m'ont demandé « qu'est ce qu'on fait ». J'oublierai pas non plus qu'il était le premier à l'ouvrir si quelqu'un me faisait chier, que si ça allait pas il venait en face de moi, me regardait droit dans les yeux et me lançait « que pasa ? » et ne me lachait pas. Que je lui ai fait un gateau pour son anniv', qu'il me demandait quelles chaussures il devait acheter, ni ses « saroune ! » quand il me croisait dans les couloirs, qu'il se cachait derrière les potos du hall en criant mon nom d'une voix suraigue. Que parfois il avait pas envie de rentrer chez lui et qu'il disait souvent « quand je viens à la Vie Sco j'arrive jamais à partir ». Que le jour ou il a su que leur bébé était un garçon il m'a envoyé un message pour me l'annoncer. J'oublierai pas mon chouchou ultime avec qui la complicité passait plus par nos regards, nos sourires et nos phrases « j'te connais » & « on se dit tout ». J'oublierai pas que grâce à lui je n'ai jamais eu aucun problème, même avec le pire des élèves parce qu'il avait fait clairement comprendre à tout le monde qu'il fallait me laisser tranquille sinon il sortait les cros, j'étais sa « chouchoute ». J'oublierai pas toutes ces récrés qu'il a passé avec moi alors que ses potes étaient dehors. J'oublierai pas non plus ses déclarations à la noix « sarah je t'aime » « putain j't'aime trop » « t'es la meilleure » « tu m'as trop manqué pendant les vacances » et autres qui me faisait tellement rire. A toutes ces fois ou je l'ai engueulé, ou il aurait pu me répondre mais rien ni faisait il écoutait, finissait par sourire et me disait qu'il m'adorai même si je m'énervais contre lui. J'oublierai pas qu'il a un jour appelé au boulot et qu'après quelques secondes de silence il m'a dit « je voulais te dire aussi.. j'voulais te remercier de tout ce que tu fais pour moi, d'être la pour moi, de me soutenir.. », ni le soir ou il m'a appelé parce qu'il venait de louper son bac. Parce que comme il le disait « c'est parce qu'on s'aime sarah ». J'oublierai pas que mes 2 petits chats redescendaient de l'internat après les cours pour venir me tenir compagnie au bureau. Que l'un d'entre eux m'a dit un jour « sarah t'es la pour nous, alors c'est normal qu'on soit la pour toi si tu as besoin ». J'oublierai pas mon petit chou qui un jour m'a dit « sarah je sais rien te cacher, t'es ma confidante, j'me sens obligée de tout te dire ». J'oublierai pas qu'avant les vacances j'étais au fond du trou, et qu'ils ont été les seuls à le remarquer. Que l'un après l'autre ils sont passés au bureau, se sont assis à côté de moi et ont essayé de me remonter le moral avec leur maladresse d'ado. J'ai vécu avec eux leurs épreuves du bac, venir avant les épreuves pour que je leur donne du courage, venir après pour que je les réconforte et parfois les rassure. Parce que mes petits gars c'était ça, des hauts et des bas, mais au final on savait qu'on était pas seul. Je les ai nourri aussi, beaucoup ! Les soutenirs aux rattrapages pour ceux qui y étaient et les soutenir après pour ceux qui n'avaient pas eu leur bac. Bref être la. Comme on est la pour ses petits frères. Parce que je ne me sentais pas mieux que lorsque je les avait autour de moi au bureau, qu'ils faisaient un bruit pas possible mais c'était aussi pour ça que je les aimais tant. Aujourd'hui les choses ont bien changé et même si début septembre j'ai vu arriver mes petits gars l'un après l'autres comme si le cordon était difficile à couper, ils sont maintenant chacun dans leurs vies. Loin du lycée. Et ont oublié leur vieille surveillante. Pleins de gens m'ont dit « nouvelle année, nouveaux chouchous » et bien non. Parce que comme dirai mon petit chat « tu as retrouvé des élèves comme nous ? » « non » « en même temps nous c'était spécial, et ça me manque parfois ». Alors oui je les revois parfois, j'entends parler d'eux mais ce n'est plus pareil. Je garde un œil sur eux de loin (mon côté maman), la nouvelle vie de papa de l'un, la vie d'étudiant de l'autre, ou encore l'évolution de la bébé carrière sportive d'un dernier. Soutenir ceux qui repassent leur bac aussi. La vie a voulu que je coupe les ponts définivement avec l'un d'entre eux et c'est comme ça.Aujourd'hui je suis seule au boulot, oui mes collègues sont la, oui il y a d'autres élèves mais mon noyau n'existe plus. Le temps est passé par la et 2015 se fini sans eux. Mais ils ont été le plus beau chapitre de mes années de surveillante, par leur bonne humeur, leur franchise, leur insouciance... 2015 se termine, mon boulot est loin d'être aussi rose qu'il l'a été et je tourne la page en regardant devant. Mes petits gars ne sauront jamais l'attachement que j'ai envers eux. Ils ne feront plus autant partie de ma vie en 2016 mais ils m'ont laissé de très jolis souvenirs.Maintenant 2016 je t'attends. Bref j'avais envie d'écrire...

Depuis petite j'écris tout ce qui me passe par la tête. Mais surtout j'écris mes souvenirs, parce que j'ai une peur bleu de les oublier, je les écrit pour les revivre, pour les redécouvrir, pour laisser de la place aux nouveaux...J'ai une peur bleu d'oublier les gens que j'ai croisé dans ma vie (plus ou moins longtemps) parce qu'à un moment ces gens ont compté. Ce que je trouve le plus ironique est d'être celle qui a peur d'ouliber les autres alors qu'elle est celle que l'on oublie facilement. Je suis rarement celle qui oublie les gens, mais je suis souvent celle que l'on oublie. Pensée du soir bonsoir.