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‘Moribund’

F22 Photography

ℒℴѵℯ

14. Jus de fruits

Je veux manger de la pastèque et boire du jus de pommes toute la vie. Je suis consciente que les autres personnes ici ne sont pas dérangées par le jus de pommes et la pastèque. Cela ne les empêche pas de vivre, puisque la vie se fait à côté. Mais je veux manger de la pastèque et boire du jus de pommes toute la vie et je voudrais que l’on arrête de me dire que tout le monde aime la pastèque et le jus de pommes, puisque je suis assez grande maintenant pour l’avoir compris. J’ai toujours été assez grande. J’ai compris très vite beaucoup de choses, alors j’ai arrêté d’écouter, et j’ai commencé à rêver de pastèques et de jus de pommes. Les rêveries occupaient le temps que les autres passaient à écouter. J’étais dans une minuscule zone d’ombre et personne ne me prêtait beaucoup d’attention. Je pouvais bien faire ce que je voulais, provoquer des séismes et des catastrophes, les tremblements s’arrêtaient à la lisière de ma bouche et tombaient en petit tas froissé sur le pas de ma porte où personne ne venait les ramasser. Lorsque je me suis rendu compte que l’on ne pouvait pas dédier sa vie à manger de la pastèque et boire du jus de pommes, il a fallu se réveiller d’une très longue sieste. Soudainement je ne comprenais pas. Les mots dits ne résonnaient plus aussi justement. Quelque chose existait au-delà du portail vert de l’école, et cette chose-là, je ne l'avais jamais imaginée. De ce très long sommeil, je garde : une peur des autres, des nuits blanches, des journaux bleus, des mains moites et des silences, des difficultés à comprendre les paroles prononcées, des émotions extrêmes, beaucoup de petites cases mentales pour ranger les gens et la vie, beaucoup d'amour pour les animaux, très peu de confiance en soi. Je voudrais que l’on arrête de me dire que tout le monde aime la pastèque et le jus de pommes. Je suis assez grande maintenant pour comprendre que rien de tout cela n’est normal.

Je connais des bateaux

Je connais des bateaux qui restent dans le port De peur que les courants les entraînent trop fort Je connais des bateaux qui rouillent dans le port À ne jamais risquer une voile au dehors

Je connais des bateaux qui oublient de partir Ils ont peur de la mer à force de vieillir Et les vagues, jamais, ne les ont séparés Leur voyage est fini avant de commencer

Je connais des bateaux tellement enchaînés Qu'ils en ont désappris comment se regarder Je connais des bateaux qui restent à clapoter Pour être vraiment sûrs de ne pas se quitter

Je connais des bateaux qui s'en vont deux par deux Affronter le gros temps quand l'orage est sur eux Je connais des bateaux qui s'égratignent un peu Sur les routes océanes où les mènent leurs jeux

Je connais des bateaux qui n'ont jamais fini De s'épouser encore chaque jour de leur vie Et qui ne craignent pas, parfois, de s'éloigner L'un de l'autre un moment pour mieux se retrouver

Je connais des bateaux qui reviennent au port Labourés de partout mais plus graves et plus forts Je connais des bateaux étrangement pareils Quand ils ont partagé des années de soleil

Je connais des bateaux qui reviennent d'amour Quand ils ont navigué jusqu'à leur dernier jour Sans jamais replier leurs ailes de géants Parce qu'ils ont le cœur à taille d'océan Brel

Yosemite Valley, California By Me

#kradify https://www.instagram.com/p/Ce8F8D_L1fE/?igshid=NGJjMDIxMWI=

my dream looks exactly like that

Wolf 34 by SheltieWolf

Snow clings to the jagged sides of Devils Tower National Monument in Wyoming. This astounding geologic feature is considered sacred to the Northern Plains Indians and other tribes, who called it “Bear’s Tipi” or “Bear’s Lodge.” Hundreds of parallel cracks make it one of the finest crack climbing areas in North America. Devils Tower entices us to explore and define our place in the natural and cultural world. Photo by National Park Service.

Cathedral Rock, Sedona, Az. Thirty second exposure under a near full moon.