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“ Extrait de La Voie De L'ultime Espoir.
Tome 1 Étrange Découverte
Chap XXVIII
Intimité bouleversante
… Lors de notre passage chez les félins, un incident inattendu se produisit et dévoila au grand jour un aspect caché des facultés de...
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Extrait de La Voie De L'ultime Espoir.
Tome 1 Étrange Découverte

Chap XXVIII

Intimité bouleversante

… Lors de notre passage chez les félins, un incident inattendu se produisit et dévoila au grand jour un aspect caché des facultés de Sami. Nous en fûmes ébahies, surtout Loïc qui le découvrait. Un impressionnant tigre blanc du Bengale s’était échappé de sa cage. Il feulait de rage et menaçait de s’en prendre aux visiteurs. Pressentant une traque imminente, ses pupilles s’allumaient de méfiance et son regard scrutait la moindre ouverture qui le permettrait de s’enfuir, à travers les feuillus qui semblaient frémir de frayeur. Ses rauquements raisonnaient dans tous les recoins du jardin et attiraient inévitablement la foule. Sous les regards paniqués des promeneurs, les gardiens et le vétérinaire du parc, munis de fusils médicaux, prirent position pour lui injecter d’un tir, une dose de somnifères, afin de faciliter sa capture. Tout à coup, ému par la scène, Sami s’alarma d’un ton subtil, en se précipitant en direction de l’animal.
- « Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! Laissez-moi le ramener !
- Tu es fou, mon garçon ! S’affola l’un des gardiens. Ne t’en ap-proche surtout pas ! C’est une bête sauvage en rage ! »
Sans tenir compte de la mise en garde, mon gamin parvint d’une allure franche et convaincue, jusqu’au fauve. Sans retenue, les badauds poussaient des cris de frayeur. Certains se cachaient les yeux et d’autres chuchotaient des critiques, dont quelques-unes n’étaient pas agréables à entendre.
- « Mais Madame, il ne faut pas le laisser faire, il agit par aveugle-ment et imprudence, m’adressa une petite vieille qui s’était aperçue de notre lien de parenté. »
Une autre qui se tenait à deux rangées derrière s’époumona de re-marques dénigrantes, pour exorciser sa peur, derrière ses convictions personnelles.
- « Qui est la mère de cet enfant ? Elle mériterait d’être enfermée pour non-assistance à personne en danger ! Qu’elle se montre au moins cette mère indigne. Je déposerai une plainte à la protection de l’enfance, dans les services de l’Aide Sociale à l’Enfance. Ce petit doit être placé en fa-mille d’accueil, au moins, elle saura le protéger. C’est une honte ! Qu’elle soit maudite ! »
Mon petit prodige n’entendait aucune de ces réflexions. En fait, il avait communiqué avec ce félin à distance, bien avant que l’on s’en aperçût, tous en respectant les chartres ou protocoles d’approche de cet animal sauvage. Mais un lien pacifique, hors du commun, lequel je vous invite à ne pas imiter, s’était créé entre eux. Il s’assit près de son nouvel ami et encercla de ses bras la douce fourrure satinée du coup de l’animal. Simultanément, le tigre lui lécha le visage. À l’instar d’anciens camarades qui se retrouvaient quotidiennement, ils discutèrent pendant cinq minutes, sous les applaudissements d’une partie de la foule qui s’était accrue. Dépassés par la tournure et l’ampleur de l’événement, la majorité des visiteurs étaient en état de stupéfaction immobilisant, et certains individus, en admiration de ces témoignages d’affection réciproque, entre l’animal et mon chérubin. Même les gardiens n’en revenaient pas, de la dextérité de cet enfant qu’ils voyaient pour la première fois. Uniquement le vétérinaire et moi en sourîmes individuellement, sans la lueur d’une quelconque connivence. D’ailleurs, ce dernier s’approcha de mon chérubin avec précaution, pour l’interroger.
- « Comment t’appelles-tu mon garçon ?
- Sami, Monsieur, se présenta-t-il, les pupilles dilatées de plénitude.
- Eh bien Sami, moi je me prénomme Bertrand, je souhaiterais ton aide, pour lui passer une muselière et pour lui attacher une chaîne au cou. Il est doux comme un gros chat, cependant, il reste un carnivore avant tout et il faut rassurer tout ce petit monde. Il faut les mettre hors d’atteinte d’une réaction imprévisible ou inattendue de l’animal. Qu’en penses-tu ? Sonda le vétérinaire, d’un ton tendre et convaincu.
- Certainement pas ! Refusa mon fiston, d’une voix catégorique et ferme. Avec cette souffrance abominable, c’est sûr qu’il peut avoir des réactions imprévisibles et s’en prendre à n’importe quel humain, qu’il substituerait à son propre bourreau. Mais croyez-moi, si vous voulez qu’il rentre dans sa cage sans heurts, il faudrait que l’un d’entre vous s’excuse et reconnaisse ses torts, de l’avoir violemment frappé la semaine dernière. Examinez l’état de l’intérieur de sa cuisse gauche arrière ! Dénonça-t-il, en soulevant délicatement le membre blessé de l’animal. »
Interloqué par la franche spontanéité de mon enfant, Bertrand prit l’initiative de vérifier ses dires. Il ausculta le félin qui, calmé par l’attention et la douceur de son jeune ami, se laissa manipuler, malgré sa douleur aiguë. Subitement, le véto se retourna vers les gardiens et d’un ton colérique, il exigea des explications, sur la provenance des blessures de son protégé.
- « Que celui qui a battu cette bête se dénonce sur-le-champ ! Il n’y a pas l’ombre d’un doute, sur la provenance de cette fracture ouverte et pas soignée. Même en se cognant dans sa cage, il n’aurait pas pu se mutiler à ce point. »
Face à la situation et à l’étonnement de Loïc, je n’hésitai pas à intervenir. Tout en sachant que mon bambin parlait aux animaux, mais sans en être réellement persuadée, jusqu’à présent, par manque de preuves tangibles, je feignis de ne pas comprendre ce qui se passait, pour relativiser l’événement et n’éveiller aucun soupçon.
- « Qu’est-ce qui te pousse à avancer une telle accusation, mon enfant ? Lui chuchotai-je, à quelques pas du vétérinaire et de son papoune, lesquels s’étaient lancés dans une discussion, dont j’ignorai la portée.
- C’est lui qui me l’a dit, divulgua Sami, de vive voix. D’ailleurs, je sais lequel d’entre eux il s’agit, par contre, j’estime qu’il est préférable et plus mature de le laisser reconnaître ses responsabilités et de les assumer. »
Simultanément, l’image de mon fils babillant avec les margouillats, dans son berceau, traversa ma pensée. Je réalisai que mes impressions au sujet de ses communications transversales, avec ces petites bêtes, n’étaient peut-être pas des illusions. « Et si par malheur quelqu’un d’autre que Loïc et Bertrand avait entendu les propos de Sami, que devrais-je faire ? Examinai-je, sous l’emprise de la panique. » Un homme sur les quatre gardiens présents se dirigea vers le vétérinaire et interrompit mes rêveries. Il se livra en prétendant avoir agi en légitime défense, contre une attaque du tigre. Dans la foulée, Sami plaida, avec sagacité, en faveur de son ami.
- « Vous faire du mal n’a jamais été dans son intention, déclara-t-il, avant de lever la patte droite avant du fauve qui baissa ses paupières, pour contenir sa lancination, il voulait vous montrer l’épine qui se trouvait entre son orteil. Et pour alourdir sa souffrance, c’est sur celle-là que le premier coup a été violemment infligé. Allez-y, je vous en prie, constatez-le par vous-même, si vous ne me croyez pas ! »
Mon gamin qui caressait toujours le poil soyeux du torse de l’animal, pour maintenir son calme et prévoir sa réaction, fixa les iris bleus de celui-ci comme pour obtenir son accord. Le tigre poussa un doux rugissement d’approbation. Sur le moment, Sami entendit le langage de son ami, sous la forme humaine. En bon sauveteur, il nous interpréta, immédiatement, ce cri qui pour nous n’était autre que celui d’un félidé. Confus par les paroles et la diplomatie de mon fils, cet homme se pencha, simultanément aux fléchissements de Loïc, du vétérinaire et du mien, au-dessus de la patte du tigre et se rendit compte de la présence d’un énorme aiguillon, bien enfoncé, entre les orteils de l’animal. Aussitôt, Bertrand prit l’initiative de la lui ôter délicatement, avec une pince médicale de sa mallette de secours, après l’avoir localement anesthésiée. Puis, il le soigna et pansa ses blessures superficielles, mais le laissa conscient, pour pratiquer son transfert en soin intensif. Par substitution, celui-ci concéda aimablement à Sami, la possibilité d’accompagner le tigre, jusqu’à la civière portée par deux des gardiens et l’invita à l’escorter, vers son cabinet d’urgence médicale. Pendant ce temps, les autres membres du personnel dispersaient la foule, sous l’ordre de la direction du Jardin public, laquelle était tenue d’éviter de grands rassemblements de Citadins, pour tenir compte des mesures de sécurité du Plan Vigipirate, toujours actif dans l’île. À la fin des soins, les deux amis s’adressèrent de tendres adieux, tandis que le vétérinaire vint nous remercier de notre patience et de notre aide indirecte.
- « Je suppose que vous êtes les parents de ce jeune prodige, déduisit-il, d’une attention admirative, je tenais à vous en féliciter. Il a un sens extraordinaire de l’observation et un professionnalisme remarquable de la psychologie animale, pour un aussi jeune enfant, mais alors vous, j’admire votre déférence indéniable à son égard. A-t-il côtoyé les animaux depuis sa tendre enfance, pour avoir un don d’apprivoisement aussi efficace et inégalable ?
- Oui ! Oui ! Confirmai-je, sous les yeux figés et étonnés de mon homme de cœur, il a passé son enfance au Kenya, ajoutai-je, tout en conservant mon attention, à mon interlocuteur.
- Qu’est-ce que tu…
- Chut !!! murmurai-je, discrètement, à mon Roméo, en lui pinçant les doigts, pendant que Bertrand préparait son matériel de soins.
- Passez quand vous le souhaitez, la porte de mon cabinet de soins vous sera toujours ouverte, j’ai remis à votre fiston un badge personnel du meilleur dresseur, annonça-t-il, sans apercevoir notre subterfuge.
- Soit, Monsieur, nous y penserons à l’occasion, c’est vraiment très sympathique de votre part, remerciai-je, en lui adressant une poignée de main, pour annoncer notre éventuel départ.
- Je m’appelle Bertrand, précisément Bertrand François MAHÉ DE LA BOURDONNAIS. Mais je vous en prie, appelez-moi Bertrand, et vous, vous êtes ?
- Christine et Loïc, présentai-je, d’une voix prévenante et vigilante. Dites-moi, MAHÉ DE LA BOURDONNAIS, n’est-ce pas l’un des premiers colonisateurs de l’île, fondateur de notre belle capitale et de nos dispositifs militaires, sous le règne de Louis XV, le bien-aimé ? M’enquis-je, les mirettes ouvertes d’extase.
- Oui, je suis l’un de ses arrières, arrière, mais vraiment arrière-petits-fils, m’indiqua-t-il, d’une voix teintée de fierté. Néanmoins, sachez que le véritable premier fondateur de ce splendide et fabuleux coin paradisiaque n’est autre qu’Étienne REGNAULT. Mon ancêtre l’a ensuite proclamé chef-lieu de l’île et administré le développement de ce territoire, par des ordonnances royales. Cinq siècles de générations, à porter le même nom et les mêmes prénoms de père en fils aînés, nous permettent de perpétuer la classe et les souvenirs de l’un des premiers administrateurs de l’île, par contre, il est vrai que chacun d’entre nous a choisi des domaines de prédilection professionnels bien différents, que celui de notre aïeul.
- C’est chaleureux, observa mon homme, d’un ton ébahi. Et vos enfants le prennent-ils aussi bien que vous ?
- C’est notre dynastie, fidèle et solidaire à la noblesse de notre grande lignée, confirma Bertrand, d’une inflexion bourgeoise. Malheureusement, je n’ai pas de descendances, du moins, pas encore et à supposer que j’aie un fils un jour, j’espère qu’il aura autant de beauté et d’intelligence que le vôtre.
- Oh, j’en suis profondément émue, merci Bertrand pour cet éloge, mais voyez-vous, nous devons vous laisser à vos obligations professionnelles, tu viens Sami, Manou nous attend, lançai-je, d’un ton mélodieux, afin de dissimuler mon empressement au vétérinaire.
- J’arrive, mam ! Assura-t-il, en s’éternisant à caresser les poils doux et soyeux du tigre et à lui chuchoter des choses, dont lui seul détenait le contenu. Allez, mon gros, je vais devoir m’en aller, mais tout se passera bien maintenant pour toi.
- Merci, mon ami, je me sens beaucoup mieux, la douleur s’est comme on dirait volatilisée, et hop ! Plus de souffrance. Je ne t’oublierai jamais, assura l’animal, je t’appellerai… Vaillant.
- Moi aussi, Brillant, je te fais une place dans mon cœur, promit mon bambin. Tu es le beau, le grand roi du Bengale et celui de mes meilleurs souvenirs.
- Non, petit humain, c’est toi le roi du Bengale, rectifia le fauve. Tu as sauvé ce beau et grand Brillant, tu es par conséquent le roi du Bengale. Ce titre te revient de droit et si quelqu’un ose le contester, je le lui confirmerai ou le lui imposerai, sans hésiter.
- Tes compliments me touchent prodigieusement et ta reconnaissance est digne d’un sage. Je t’emporte dans mon cœur et dans mes pensées les plus profondes, déclara Sami, les yeux noyés sous le flot de ses larmes de bonheur, de cette merveilleuse rencontre. Au revoir, Brillant !
- Au revoir, Vaillant, répondit le tigre blanc du Bengale. »
Sur l’insistance suppliante, toutefois discrète, de mon regard, à l’instant où mon homme détournait l’attention du vétérinaire, par ses remerciements et ses salutations. Sami finit par obéir et nous rejoignit, sous les feulements amicaux du tigre. Nous adressâmes une sincère poignée de main à Bertrand et quittâmes ce lieu magnifique et palpitant qui me permit d’oublier, pendant plus d’une heure, la séparation inéluctable qui nous attendait…