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Un Sisyphe heureux (?)

@unsisypheheureux / unsisypheheureux.tumblr.com

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Je confirme, j'ai un chat

Je ne sais pas d'où il sort mais il est très à l'aise.

Je l'appelle comment ?

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reblogged
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profenscene

Dimanche 24 février

Et le dimanche, on s’évade !

Nous sommes en 1995, j’ai treize ans. Mes parents me font l’un des meilleurs cadeaux du monde : ils m’ouvrent une partie de leur bibliothèque. Dans celle-ci, l’étagère dédiée à la Science-Fiction. Bien sûr que je vais me diriger vers celle-ci.

J’ai oublié pourquoi, ce soir-là, je me rappelle que c’est le soir, je choisis Dune. Le premier volume de la saga intergalactique de Frank Herbert. Je me cale dans mon lit, avec la lampe de chevet qui fait de grandes ombres, et je commence à lire. Et ce n’est pas comme dans ce que l’on appelle encore à l’époque La guerre des étoiles. Pas de poursuite effrénée, de droïdes ou de planètes qui explosent. Pas tout de suite. Juste un garçon. Paul Atreides, mon compagnon, mon frère jusqu’à la seconde. Paul Atreides qui, comme moi, dans son lit, entend deux femmes parler de son avenir. Une sorcière au nom mystérieux - Bene Gesserit - et sa mère. Juste sa mère, Jessica, une idole sacrée jusqu’à ma classe prépa.

On découvre l’intimité des héros avant d’entrer dans cet univers gigantesque, infiniment complexe. Je découvre le concept du “lire trop tôt”, dont me parlent parfois mes parents, et à quel point ce n’est pas important. Je ne saisis pas toutes les implications de ces magouilles politiques : ces maisons nobles qui s’affrontent dans de subtils jeux d’influence, ces ordres de l’Empereur, auquel chacun obéit sans vraiment y croire, ces alliances qui se défont… Peu importe. Je tremble pour Paul, si familier et pourtant si étranger, soumis à la torture dès la page 15, exilé de sa planète pour se rendre sur Dune, l’hostile, la désertique, seul monde dans l’univers connu à produire l’Epice, capable de prolonger la vie et de distinguer l’avenir.

Au fil de mes relectures, je prendrai plaisir à dénouer les fils de l’intrigue politique, mais toujours, toujours je resterai ébloui par cette découverte : que l’immensité d’un univers de Science-Fiction peut partir des personnages. Il y a, dans les conversations du monstrueux Baron Harkonnen avec son ordinateur humain, le Mentat Piter de Vries, infiniment plus d’effroi que dans les grandes batailles où fusent les lasers.

Et puis, cet univers, comme ses héros, est fondamentalement touchant car brisé : brisée, la planète Dune, que ses autochtones cherchent à transformer en monde verdoyant, quand c’est le désert qui la façonne ; brisée, Alia, l’enfant monstrueuse aux mille mémoires. Brisée, fracassée mon approche des histoires : ces êtres auxquels je m’attache ont des aspects parfois révoltants.

Dune, ce n’est un secret pour personne, est un tournant majeur dans l’histoire de la Science-Fiction. Mais, comme pour certains personnages du roman, le fait de le traverser m’a changé. Fondamentalement. Et mon regard de lecteur a conservé depuis cet hiver 1995 le bleu des iris des Fremen.

J'ai lu cette saga sur le tard, je devais avoir 27 ou 28 ans, je bossais sur les chantiers à l'époque.

La SF je me la suis aussi pris en pleine gueule à 13 ans, mais c'était avec Heinlein et Asimov.

Mais Dune...

Lisez Dune.

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J'en peux plus, j'ai ça dans la tête depuis trois jours, en plus je me suis paumé dans la banlieue de Lille, l'aéroport est plein de gens, laissez moi repartir dans le sud-ouest.

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Une semaine dans la tempête.

Heureusement le matin à 6h au bord de la plage entre le brouillard et les cris des mouettes je pouvais décoller un peu en regardant clignoter les balises.

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Tout autour de moi dans la salle d'embarquement les affiches pour Amsterdam, Venise, Bari,...

Et moi je vais à Lille.

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Une de mes meilleures amies, la précieuse MJ, veut vendre son appartement.

Mon ex-plan câlin cherche justement à acheter un appart dans cette ville.

Je les ai benoîtement mises en contact.

Message de MJ ce soir: "ton ex sort de chez moi. On a passé l'après-midi à discuter, c'était sympa. Et instructif 😁"

Sur une échelle de 1 à 10, à quel point est-ce que je suis dans la merde moi ?

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J'étais à Nantes cette semaine.

J'avais réuni l'ensemble de mon équipe, moins les grippés...

Je voulais qu'on bosse tous ensemble à un projet commun.

J'avais trouvé une chouette maison en Airbnb, on avait un programme chargé de travail, restau et bar à rhum.

Et un seul coup de fil a tout foutu par terre en annonçant une catastrophe.

Et là sans avoir besoin de donner une consigne, en 5 secondes, tout le monde est passé en mode gestion de crise.

Et ça a dépoté grave, ça fusait, la mécanique parfaite.

Y en a deux qui étaient un peu en dehors du coup, de part leurs fonctions. Pas concernées en vrai quoi.

Elles ont fait tout ce qu'elles ont pu pour aider, et tout le reste du temps elles ont observé, pris des notes... Et sans que je leur demande rien elles ont sorti un retour d'expérience au carré de cette situation.

Quand la crise a été levée il était trop tard pour sortir, on a commandé des pizzas et joué à time's up.

J'étais incroyablement fier de ma petite équipe.

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Ce matin j'ai retrouvé mes enfants.

Approximativement 15 secondes après avoir passé la porte je me suis retrouvé allongé sur le canapé, deux petits blondinets hilares sur le ventre prétendant m'immobiliser pendant que mon chien stupide léchait amoureusement mes pieds nus.

Et une ex-femme morte de rire qui filmait la scène.

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On fini par tous se ressembler.

Sur des aires d'autoroute toutes pareilles à 23h un soir de semaine.

A payer le plein de notre voiture de société flambant neuve avec une carte total.

A prendre au buffet notre petit panier repas en conservant sagement notre tiquet de caisse pour la note de frais.

A consulter nos mails sur notre téléphone autour de la machine à café.

Je fais encore de la résistance en jean et Docs, mais je ne suis pas si loin des autres autour.

C'est marrant, ou pas, je passais sur cette aire d'autoroute il y a une demi-vie quand j'étais chauffeur livreur, avec mes fringues trouées et mes Nike air dégueulasse, et je les trouvais un peu ridicules ces vieux avec leur air perdu.

Je repars, encore 1h30 de route pour retrouver mon appart et sommeiller jusqu'à 5h, faut que je démarre tôt au bureau le lendemain.

Dans un dernier baroud d'honneur je roule en écoutant un vieux offspring. Mais c'est quand même plus pareil.

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J'ai roulé longtemps vendredi. C'est loin Clermont-Ferrand.

Toujours pas de radio dans ma petite voiture.

Alors j'ai rêvassé, j'ai regardé les paysages, le Périgord, la Corrèze, le cantal... C'est une belle traversée.

Et puis j'ai chanté aussi, très mal. Phénomène que je ne m'explique pas, j'ai beau connaître beaucoup de chansons dans ces moments-là c'est toujours des chansons ringardes qui me reviennent. Je ne sais pas combien de fois j'ai hurlé que je réchauffais ma vie au sourire d'Émilie...

La dernière fois que j'avais fait cette route c'était avec mon plan câlin, et il y avait son fantôme assis sur le siège passager, mais on était en paix lui et moi, il me soulignais juste quelques éléments du paysage et je souriais.

(évidemment j'ai été emmerdé bien sûr par un coup de fil du boulot et j'ai passé une demi-heure sur une aire d'autoroute à expliquer pas à pas à quelqu'un de mon équipe comment sortir les sacro-saintes stats qui sont le nerf de la guerre professionnelle)

Et enfin à la nuit, après avoir passé les champs de neige du puy de dôme, j'ai vu les lumières de la ville devant moi, et j'ai pu serrer dans mes bras cette pestouille de Ma.

Elle m'avait manqué.

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