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Tribute to

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"En fait, la fonction de la femme est d'explorer, découvrir, inventer, résoudre des problèmes, dire des joyeusetés, faire de la musique — le tout, avec amour. En d'autres termes, de créer un monde magique." — Valerie Solanas
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Ma mère n'avait pas voulu admettre la violence que j'avais subie, car elle ne pouvait admettre celle qu'elle-même avait vécue. Parce que cette violence est banalisée partout, de tous côtés, par tout le monde. Alors, elle retroussait ses manches, portait ses boucles d'oreilles fluo, ses chandails bedaines, dépensait toutes ses paies en alcool, allait travailler en pleurant, trouvait des repas simples à nous servir pour garder l'infime particule de dignité que cette vie lui permettait de conserver. Et elle avait raison. Être soumise à l'injonction d'un corps, obéir au désir impérieux d'un homme, peu importe ce que cela nous coûte, ça reste moins humiliant que de se faire demander quel vêtement on portait ce jour-là et ce qu'on a fait pour provoquer quelqu'un à ce point. Parfois, se la fermer est la seule façon de ne pas devenir une victime.

Michelle Lapierre-Dallaire, Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour OK, 2021

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Moi non plus, je n'arrive pas à gérer la peine, la joie, les déceptions, les départs. Ma mère et moi, on a toujours crochi les rangs, débordé. J'ai baissé les yeux de honte comme les gens baissent les leurs devant moi, aujourd'hui. Être une femme est une fatalité si souvent. Mais être une femme sans remparts, sans limites, qui saute les clôtures et enjambe les barrières en criant, en pleurant fort, en semant son chemin avec des miettes de maladies mentales, c'est une fatalité insoutenable.

Michelle Lapierre-Dallaire, Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour OK, 2021

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Moment de bascule, kairos, c'est comme la conversion de saint Augustin cette affaire, aussi radical. Ce n'est pas seulement qu'il croit en Dieu ou que j'aime les femmes, c'est qu'il y a la vie avant et il y a la vie après. Ce qui m'intéresse dans l'homosexualité ce n'est pas les filles que je baise, c'est la fille que je deviens. Avec les hommes il y avait toujours une limite, ici j'ai tout l'espace que je veux, il me semble que je peux tout faire. Les femmes, l'amour, le sexe, au début je découvrais, ça me passionnait, mais plus maintenant. C'est là bien sûr, c'est la matière de ce qui m'arrive, mais ce n'est pas important, c'est un peu comme le décor de la pièce, ce que je cherche se trouve derrière. L'homosexualité, pour moi, ne signifie rien d'autre qu'une vacance de tout. Oui, voilà, les grandes vacances, quelque chose de vaste comme la mer, avec rien à l'horizon, rien qui le ferme, rien qui le définisse.

Constance Debré, Love Me Tender, 2020

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Par "continuum lesbien" j'entends un large registre — aussi bien dans l'histoire que dans la vie de chaque femme — d'expériences impliquant une identification aux femmes ; et pas seulement le fait qu'une femme a eu ou a consciemment désiré une expérience sexuelle génitale avec une autre femme. Si on élargit ce terme pour y inclure les multiples formes de rapports intenses et privilégiés entre femmes, qui comprennent aussi bien la capacité de partager sa vie intérieure que celle de faire front contre la tyrannie masculine ou celle de donner et de recevoir un soutien pratique et politique ; si on parvient également à associer ce terme à des notions telles que la résistance au mariage, à l'étendre aux conduites "insensées" [...] on commence à comprendre des pans entiers de l'histoire et de la psychologie des femmes, restées jusqu'ici hors d'atteinte en raison des définitions limitées, pour la plupart cliniques, du "lesbianisme".

Adrienne Rich citée par Pauline Le Gall dans Utopies féministes sur nos écrans. Les amitiés féminines en action, 2022

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— Pourquoi te tais-tu, ma chérie ? Peut-être penses-tu que j'ai tort ? S'il en est ainsi, dis-le : tu ne dois te soumettre à personne et moins que quiconque à ton père ou à moi. Si quelque chose ne te convainc pas, rebelle-toi toujours.

[...]

— Tu me donnes un baiser si je te promets d'aller voir Concetta ?

— Bien sûr, ma chérie, mais tu n'as pas besoin de promettre, je te fais confiance.

Goliarda Sapienza, Moi, Jean Gabin

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Les revendications d'esthétique, que ce soit au niveau architectural, artistique ou culturel, ne sont pas des aspects périphériques de la politique. De même qu'on peut faire la révolution en talons, danser sous la pluie et se parer les lèvres de rouge pour assister à un procès, il ne s'agit de chasser ni le plaisir ni la volupté. Tout comme la sincérité écologique ne consiste pas à grelotter dans un pull qui gratte, la pureté idéologique ne se mesure pas aux privations. Porter un discours austère et maussade n'est pas toujours gage de sérieux. Oublier sa féminité ne sert pas forcément la cause féministe. Et amputer le discours politique de ce qui peut inspirer l'esprit est le meilleur moyen de se couper aussi de celles et ceux à qui on veut s'adresser. C'est pourquoi nous avons besoin de mêler davantage création artistique, souci environnemental et critique sociale. Parce que sans corps, sans regard, sans toucher et sans parfum, la politique est dépourvue de ce qui fait la plus belle part de l'humain, sa capacité à éprouver et à transcrire ce qui a été ressenti pour le partager. Dépourvue de ses sens, la politique n'est plus rien qu'un discours désincarné, lunaire et, à force, déserté.

Corinne Morel Darleux, Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, 2019

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Le refus de parvenir n'implique ni de manquer d'ambition ni de bouder la réussite. Juste de réaliser à quel point ces deux notions gagneraient à davantage de singularité : elles sont aujourd'hui normées par des codes sociaux qui n'ont que peu en commun avec les aspirations individuelles, ni d'ailleurs avec l'intérêt collectif. [...] Refuser une promotion est totalement contre-intuitif, mais ça ne signifie pas qu'on manque d'ambition. Simplement qu'on ne place pas tous l'épanouissement au même endroit.

Corinne Morel Darleux, Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, 2019

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Tonight I take a break from careerism to listen to a parenting podcast called "The Longest Shortest Time". The host is interviewing Ina May Gaskin, "the mother of modern midwifery" who wrote the books responsible for all my romantic ideas about natural childbirth. The host confronts Ina May, telling her that the books made her feel like a failure when her birth didn't go the way she'd envisioned. "I was under this impression", she says to Ina, "and maybe it was the wrong impression, that you believed that all women could have, if not a pain-free labor, then at least, like, a relaxed labor ?" "No", Ina May says. "No! Not everybody has a great time. Sometimes it's really rugged, it's really hard. You're not alone if you felt like you experienced a lot of pain and you felt like you failed." When I hear this I put down the bowl I am scrubbing and brace myself on the sink and sob. I'm a little horrified by how much her words affect me and how much I needed to be forgiven by this woman I've never met for what I think of as my poor performance. Then Ina tries to explain. "What if we just told people that it always really, really, really hurts?" she asks, and then she answers herself: "Well, that wouldn't be very good, because you'd get everybody so frightened."

Meaghan O’Connell, And Now We Have Everything: On Motherhood Before I Was Ready, 2018

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"Taking care of a baby is sort of like driving down the highway", an old co-worker's wife told me when I was pregnant as we sat at a picnic table in their upstate backyard. "It's incredibly boring but you can't look away". I remember thinking, "Oh, but it won't be like that for me."

Meaghan O’Connell, And Now We Have Everything: On Motherhood Before I Was Ready, 2018

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"Our baby will be a baby only once, and I don't want to miss out" was the sort of thing I said when I was pregnant, imagining days full of nothing but wonder. It was the sort of message that was ambient on Facebook and parenting blogs. "You'll never get this time back." It's a threat. What was work compared to being face to face with a life unfolding before you? Now I am increasingly convinced that I do want to miss out, at least a little bit. "Your baby will only be a baby once" sounds less like a threat than a small mercy.

Meaghan O’Connell, And Now We Have Everything: On Motherhood Before I Was Ready, 2018

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I recorded all of the baby's and my bodily functions on my iPhone, something concrete to stand against the great unknown: 9 a.m. breastfeed, left side, 45 minutes / Diaper pee 10 a.m. / Percocet 10:15 / slept 10:20- 11. My record-keeping never cohered into anything meaningful the way I must have wanted it to, but I referred to it constantly anyway. So this is what we are doing. This is how we are going to survive. When the baby cried and Dustin brought him over to me with an expectant look, I would wave my phone in his face. "I just fed him twenty minutes ago!" "Well, he seems hungry now. I don't know what you want me to do." The rage I felt at that moment was like nothing I'd never experienced. I was strung out, under siege, depleted.

Meaghan O’Connell, And Now We Have Everything: On Motherhood Before I Was Ready, 2018

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