Un petit texte
écrit il y a environ un an. Les choses ont changé depuis, mais pas forcément beaucoup non plus.
J'ai entrepris d’arrêter de vivre. Je crois bien que c'est de nager dans le bonheur chimique made in Deroxat qui m'y a décidé. Bénéficiant d'une humeur d'un égal quasi inoxydable, j'ai donc commencé par arrêter de fumer. Depuis le temps qu'on me tannait, je n'ai reçu que des encouragements et des applaudissements. Ensuite, j'ai arrêté de boire. Comme ça, brusquement, sans prévenir. De toute façon, je buvais trop, s'pas? Pas encore alcoolique, mais consommateur excessif, ça aurait pu en prendre le chemin. Et ça ne fait pas forcément très bon ménage avec les antidépresseurs. Sans oublier que ça a tendance à coûter un poil cher des qu'on veut boire avec des gens, et un peu longtemps. La aussi, je n'ai eu que des encouragements. Il y a bien eu une entorse, j'ai fait une incartade, une bouteille de vin un soir, mais bon, les urgences ça me colle un cafard monstre, surtout quand c'est pour mes gosses. Avant, et après, pas une goûte, même du bon pif de beau-papa. Bon, du coup, ayant perdu mes deux principaux mécanismes de socialisation, je ne sors plus et globalement ne vois plus personne. Limite un feature.
Baiser, ça a été le plus facile. J'avais arrêté de baiser ailleurs depuis un bout de temps, et maintenant, je ne jouis plus qu'une fois sur vingt. Et non seulement je ne jouis plus tellement souvent, mais en plus, ça ne m'attire plus. Ben oui, un gros travail de façonnement depuis quelques temps, à base de punition négative, et de méthode Coué. Ça fait maintenant un bout de temps que je ne vois plus l’intérêt de me fatiguer et d'y perdre un temps qui aurait été autrement mieux employé à dormir, par exemple. Bon, la, il y a eu des récriminations, mais comme ça fait partie des effets secondaires possibles du Deroxat, la pilule est passée, si je puis dire. Ne nous attardons pas sur le fait que le Deroxat c'est depuis 5 mois, alors que la libido en chute libre, c'est depuis 2 ans. On dirait que j'ai arrêté de lire, aussi. Ça, ce n'était pas fait exprès, mais ça ne me dérange pas trop: je n'ai absolument plus de place pour de nouveaux livres, ils sont déjà rangés sur deux épaisseurs. En temps normal, je relis beaucoup, mais la.. Non, je n'y arrive pas. Enfin, mon PC est mort, et je ne compte pas le remplacer: voilà une excellente occasion d’arrêter de jouer, et d’arrêter de regarder des séries et films.
Doivent encore disparaître, je crois, la politique, le smartphone, ainsi que les réseaux sociaux, mails, et diverses messageries instantanées. Ça viendra, ça viendra. Mais pas ce soir, ce soir je me couche à 21h, tendant tranquillement vers l'apatheia, sans passions, sans vices, sans colères, sans besoins de validations externes, métro/boulot/dodo jusqu'à la mort de mon dernier neurone, et surtout, ayant renoncé à beaucoup, sans béances, manques et souffrances.